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Les ateliers d'Élodie K

Narrative 794978 640

Petit point sur la narration...

Élodie Kerfourn Par Le 29/09/2020

Dans Écrire

La narration est un récit (un événement ou une action) raconté par un narrateur. Il peut être court ou prendre la forme d’une nouvelle, d’un roman… Voici quelques éléments importants pour mieux comprendre son fonctionnement.   

Le schéma narratif

Le récit organise l’action en plusieurs étapes : c’est le schéma narratif.

Il commence par une situation initiale qui présente le lieu, les personnages, etc.

Ex. : Une amitié entre collègues, au bureau.

Puis un élément perturbateur vient bouleverser la situation précédente.

Ex. : L’un des deux amis trahit l’autre lors d’une discussion avec son chef.

Arrivent alors les conséquences et les péripéties qui s’enchaînent.

Ex. : Le personnage trahi se met en colère, frappe son ami…

Pour résoudre le problème, il va y avoir des éléments de résolution.

Ex. : Les deux amis se calment et discutent longuement.

Le récit se termine avec une situation finale qui est l’état dans lequel sont les personnages à la fin. Elle peut être identique à la situation initiale ou différente.

Ex. : Les deux amis se réconcilient mais celui qui a été trahi garde en lui une forme de méfiance.

Rythme, chronologie et forme du récit…

La narration peut être chronologique… mais elle peut ne pas l’être avec des retours en arrière ou des anticipations (projection dans le futur).

Le rythme du récit peut être :

  • ralenti avec des descriptions, des précisions sur tel ou tel élément de la narration, des dialogues
  • accéléré avec des ellipses – tout n’est pas raconté et on passe d’un événement à un autre sans nécessairement faire de lien, sans connaître le temps qui les sépare - et des résumés permettant au narrateur d’expliquer en quelques lignes des événements passés.

Généralement, le récit est composé de nombreux verbes d’action, au passé simple ou au présent, et de liens temporels situant les étapes du récit dans le temps. Ces derniers expriment la simultanéité (durant, au moment où, pendant, pendant que, lorsque, quand…), la succession (après, après que, avant que, puis, ensuite, alors…), la soudaineté (soudain, brusquement, tout à coup…). Ces liens sont appelés des connecteurs : ce sont principalement des adverbes (puis, ensuite, hier, maintenant, aujourd’hui…), des noms ou des groupes nominaux parfois introduits par une préposition (à deux heures, le jour suivant, la veille, à ce moment-là…), des conjonctions de coordination (avant que, après que, lorsque, sitôt que, dès que…).

Ne pas confondre l’auteur, le narrateur et le personnage…

L’auteur est la personne réelle qui écrit, qui signe le texte. C’est le créateur et n’apparaît pas dans le récit.

Le narrateur est distinct de l’auteur. Il raconte l’histoire et appartient à la fiction.

Dans un récit rédigé à la 3e personne, le narrateur est extérieur à l’action et n’apparaît pas toujours clairement, sauf s’il fait des commentaires ou intervient pour donner des précisions.

Ex : Elle était alors belle, mais hélas ! d’une pâleur extrême.

On peut aussi trouver des récits à la 1e personne : le narrateur dit « Je », il raconte une histoire à laquelle il participe. Il est alors un personnage de celle-ci.

(Dans le cas d’une autobiographie, l’auteur devient le narrateur et le personnage principal de l’histoire qu’il raconte).

Le personnage est une personne imaginaire, inventée par l’auteur. Il fait partie du récit et vit l’action racontée par le narrateur. Il peut être décrit de façon détaillée par ce dernier.

Si on prend l’exemple du roman La Vie devant soi (1975) de Romain Gary, Momo, un jeune garçon, raconte l’histoire : il est le narrateur et le personnage principal. L’auteur, Romain Gary, ne peut pas être confondu avec Momo puisqu’il avait 61 ans quand il a écrit ce livre.

Trouver le point de vue narratif

Parler de point de vue narratif, c’est identifier qui voit la scène qui est racontée.  

 

Point de vue externe, ou objectif.

Le narrateur est extérieur à la scène, il est un simple témoin : il ne raconte que ce qu’il peut observer. Autrement dit, les informations données restent limitées qu’à ce qui est visible de l’extérieur : actions, paroles, apparence des personnages. Les pensées et les sentiments ne sont pas présents.

Ex. : Deux hommes parurent. L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête. (Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet)

 

Point de vue interne, subjectif.

Le narrateur est un personnage du récit ou relate l’histoire en se mettant à la place d’un personnage : il raconte ce qu’il voit, partage ses pensées et expose ses sentiments ou ceux du personnage dont il a choisi le point de vue. C’est pourquoi on notera l’utilisation de verbes de perception (voir, entendre…), de phrases interrogatives ou exclamatives, du discours indirect libre.

Par définition, un récit à la 1e personne est un point de vue interne puisque tout est vu à travers les du narrateur-personnage. Ce point de vue peut aussi être utilisé dans un récit à la 3e personne.

Ex. : Le comte toucha par hasard le mouchoir de batiste dont les gouttes de sang étaient humides et rouges comme des œillets sur la neige ! … Là, sur le piano, qui donc avait tourné la page finale de la mélodie d’autrefois ? Quoi ! […] Et ces fleurs orientales […] quelle main venait les y placer ? (Auguste de Villiers de l’Isle-Adam, Contes cruels.)

Ici, la pièce est décrite à travers le regard du comte.

Point de vue omniscient

 

Le narrateur est hors du récit, mais on a l’impression qu’il sait tout sur tout. Il a une vue d’ensemble sur l’espace, le temps et les personnages. Il connaît les éléments du présent, du passé et du futur ainsi que l’identité et le parcours de vie de tous les personnages.

Ex. : Il y a quelques années, florissait, orgueil de nos boulevards, certain vaste et lumineux café. […] Là, se réunissait quotidiennement l’élite de ces jeunes gens qui se sont distingués depuis, soit par leur valeur artistique, soit par leur incapacité, soit par leur attitude dans les jours troubles que nous avons traversés. (Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, Contes cruels).

Un exemple de narration

Le texte, Une arnaque à ma porte, écrit et lu par Élodie Keranne, est un petit exemple de narration produit dans le cadre d’un atelier d’écriture.

Une arnaque à ma porte - Les ateliers d'Élodie K

Conclusion

 

Ces éléments de narration sont suffisamment intégrés dans l’histoire pour qu’on puisse suivre ce qui est raconté sans les identifier. Les comprendre permet de mieux cerner les subtilités du texte lu et de mieux construire son récit quand on veut en écrire un.

 

À suivre... É.K.

Mes sources

BENTOLILA, Alain, Le Nathan Collège – Français. Nathan, 2013. 448p. ISBN 978-2-09-186809-7

STACHAK, Faly, Écrire, un plaisir à la portée de tous. Eyrolles, 2019. 424p. ISBN 978-2-212-57263-6

Français 5e. Magnard, coll. Cahier du jour, cahier du soir, 2010. 64p. ISBN 978-2-210-74838-5

Français 4e, Jardin des lettres. Magnard, 2011. 400p. ISBN 978-2-210-44607-6

Grammaire, cahier d’exercices 6e. Nathan, 2013. 128p. ISBN 978-209-171573-5

Je comprends tout ! Français 5e. Nathan, 2013. 80p. ISBN 978-2-09-188006-8

Les années de collège – Français, Tout pour réussir. Bordas, 2013. 240p. ISBN 978-204-731957-4

Maxi Memento de Français, 172 fiches pour tout savoir au collège. Hachette Éducation, 2011. 288p. ISBN 978-2-01-160405-7

S’entraîner en français 6e. Hatier, coll. Tout savoir, 2010. 128p. ISBN 978-2-218-93870-2

 

Les photos sont issues du site Pixabay.

 

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