Les ateliers d'Élodie K

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Le portrait ou la description d’un personnage

Élodie Kerfourn Par Le 25/06/2020

Dans Écrire

Le portrait donne chair à un personnage : il permet de mieux le visualiser et de mieux le connaître. Il favorise ainsi la compréhension de l’histoire racontée. Voici un petit tour de la question…

Les formes du portrait.

Le portrait est la description d’un personnage : il donne des informations sur son physique, son caractère, ses pensées, sa manière de bouger, d’agir…

On dit qu’il est physique quand il décrit la personne en entier (portrait en pied) ou simplement son visage. Il désigne les parties du corps avec un vocabulaire précis (la couleur et la texture de sa chevelure, la forme de ses yeux, de sa bouche, de son nez, de ses mains, etc.). Il met également en lumière les vêtements et les bijoux portés, les accessoires (barrettes, épingles, peigne…), la coiffure, etc.

On dit qu’il est moral quand il souligne le caractère de la personne, ses habitudes, ses humeurs ainsi que les gestes qui reflètent sa personnalité, sa psychologie.

Il peut être fixe : la personne est décrite de façon immobile avec beaucoup d’adjectifs qualificatifs.

Il peut aussi être en action : la personne fait des choses qui la symbolise, lui ressemble. Sa façon de parler, de bouger est le miroir de ce qu’elle est. Les verbes sont davantage utilisés.

Quelle est l’implication de l’énonciateur ?

Comme la description, le portrait peut être objectif quand celui qui raconte l’histoire ne s’implique pas dans la description et reste neutre, ou subjectif quand l’énonciateur s’implique dans la description en exprimant des jugements…  

Le portrait peut donner une impression positive avec un vocabulaire mélioratif (qui met en valeur) ou négative avec un vocabulaire péjoratif (qui accentue les défauts).

Ex. :

Elle était grande, fine, lumineuse. (mélioratif, positif)

Son frère, maladroit et bouffi, faisait l’objet de nombreuses moqueries. (péjoratif, négatif)

Petite histoire du portrait

Antiquité

Portraits de personnes illustres à l’intérieur de discours historiques. Portraits moraux à valeur d’exemples. Portraits ressemblants et esthétiques.

Moyen-Âge

Personnage symbolique, porteur d’idéaux, dépourvu de traits personnels, de travers individuels. Portrait figé et conventionnel, bref et schématique.

XVIIe siècle

Le portrait devient à la mode, l’individualité se découvre. Ordre traditionnel, analytique, recherches rhétoriques : le tout doit être brillant et pertinent.

XIXe siècle

Portraits littéraires, travaillés. Portraits politiques. On les trouve surtout dans le roman réaliste. L’habit, la profession, les habitudes, les traits physiques seraient signifiants, révélateurs d’une personnalité, d’un caractère. 

XXe siècle

La psychanalyse et les sciences sociales ont mis à mal le schéma du  portrait du XIXe siècle : un trait physique n’est plus révélateur d’une personnalité. Un personnage lisse peut être un psychopathe.

Nouveau roman

Personnage décrit de l’extérieur, le narrateur n’a pas accès à ses pensées. Description plutôt neutre permettant d’interpréter les intentions possibles du personnage, d’en reconstituer la psychologie, qui nous est jamais décrite.

Aujourd’hui

Description très influencée par la photographie et le cinéma. On capte et fixe une ambiance, une silhouette, une couleur, un geste. Tout prend sens comme derrière une caméra.

 

 

Quelques conseils pour rédiger un portrait

Le portrait nécessite un vocabulaire varié, précis avec des champs lexicaux liés aux parties du corps ou aux différents traits de caractère

Pour nuancer le portrait, il est important d’identifier le vocabulaire associé aux différents caractères, voici quelques exemples :

  • calme : posé, serein, apaisé, tranquille…
  • coléreux : furieux, irrité, rageur…
  • timide : réservé, peureux, pudique, embarrassé…
  • hypocrite : menteur, rusé, sournois….

Il est possible de faire appel aux stéréotypes ou types, qui utilise les idées qu’on se fait d’une personne exerçant tel ou tel métier (la secrétaire, professeur de sport, le banquier…), d’un type de caractère (le timide, le distrait, le tombeur, le déprimé), ou d’une tranche d’âge (l’adolescent). Il s’agit d’utiliser ici tous les clichés, les préjugés. Par ailleurs, certains aspects physiques sont désignés comme correspondant à des traits de caractère : le front haut et dégagé est un signe d’intelligence, la petite bouche fine est une marque de cruauté, une mâchoire large est indice de volonté…  

Pour agrémenter le portrait et donner des détails, on utilise des compléments du nom ou des comparaisons ou des métaphores.

Ex. : Mon père, irrité, devenait tout rouge, telle une tomate prête à exposer.   

Il est rédigé au présent dans un texte au présent et à l’imparfait dans un texte au passé.

Enfin, il est organisé

Comment organiser le portrait ?

Pour organiser le portrait, il existe plusieurs possibilités :

  • Commencer par l’allure générale avant de se concentrer sur le visage ou sur un détail du corps.
  • Décrire le corps de bas en haut ou de haut en bas.
  • S’intéresser à une partie du caractère ou une partie du physique qui peut mettre en valeur une caractéristique du personnage décrit.

Deux portraits tirés du roman de Jules Verne, Le Tour du monde en 80 jours.

Extraits du roman de Jules Verne, Le Tour du monde en 80 jours.

Portrait de Phileas Fogg, le personnage principal : Passepartout qui vient d’arriver en tant que valet de chambre et découvre son nouveau maître.

C’était un homme qui pouvait avoir quarante ans, de figure noble et belle, haut de taille, que ne déparait pas un léger embonpoint, blond de cheveux […], front uni sans apparences de rides aux tempes, figure plutôt pâle que colorée, dents magnifiques. […] Calme, flegmatique, l’œil pur, la paupière immobile, c’était le type achevé de ces Anglais à sang-froid qui se rencontrent assez fréquemment dans le Royaume-Uni […]. Phileas Fogg était l’exactitude personnifiée […], de ces gens mathématiquement exacts, qui, jamais pressés et toujours prêts, sont économes de leurs pas et de leurs mouvements. Il ne faisait pas une enjambée de trop, allant toujours au plus court. Il ne perdait pas un regard au plafond. Il ne se permettait aucun geste superflu. On ne l’a jamais vu ni ému ni troublé. C’était l’homme le moins hâté du monde mais il arrivait toujours à temps.

Portrait de Phileas Fogg

Portrait de Passepartout

Portrait de Passepartout

Passepartout était un brave garçon, de physionomie aimable, aux lèvres un peu saillantes, toujours prêtes à goûter ou à caresser, un être doux et serviable, avec une de ces bonnes têtes rondes que l’on aime voir sur les épaules d’un ami. Il avait les yeux bleus, le teint animé, la figure assez grasse pour qu’il pût lui-même voir les fossettes de ses joues, la poitrine assez large, la taille forte, une musculature vigoureuse, et il possédait une force herculéenne que les exercices de sa jeunesse avaient admirablement développée. Ses cheveux bruns étaient un peu rageurs. […]

De dire si ce caractère expansif de ce garçon s’accorderait avec celui de Phileas Fogg, c’est ce que prudence la plus élémentaire ne permet pas.

Et si on se faisait un autoportrait

L’autoportrait est une description, une présentation de soi faite par soi-même. On dit qui on est, ce qu’on pense être ou ce qu’on a envie d’être, la manière dont on se voit.

Le texte, Mon autoportrait écrit et lu par Élodie Keranne est un exemple d’exercice proposé dans mon atelier d’écriture.

 

Exemple d'autoportrait - Les ateliers d'Élodie K

Le portrait permet de donner des informations sur le physique et le caractère d’un personnage, sa façon de vivre et de pensée, ses habitudes, sa vision du monde… Il est nécessaire pour mieux comprendre les éléments de la narration.

 

À suivre...

Élodie K.

Mes sources

BENTOLILA, Alain, Le Nathan Collège – Français. Nathan, 2013. 448p. ISBN 978-2-09-186809-7

STACHAK, Faly, Écrire, un plaisir à la portée de tous. Eyrollles, 2019. 424p. ISBN 978-2-212-57263-6

Je comprends tout ! Français 5e. Nathan, 2013. 80p. ISBN 978-2-09-188006-8

Les années de collège – Français, Tout pour réussir. Bordas, 2013. 240p. ISBN 978-204-731957-4

Maxi Memento de Français, 172 fiches pour tout savoir au collège. Hachette Éducation, 2011. 288p. ISBN 978-2-01-160405-7

 

Les photos sont issues du site Pixabay.